Toscana

Citte d'Arte

Les arts

Peinture

Les peintres de la pré-Renaissance

Cimabue (1240-1302) peignit des crucifix, des vierges en majesté grâce à la technique a tempera mais aussi des fresques. Il assure la transition avec l'art religieux byzantin auquel il emprunte le célèbre fond or. Il introduit des éléments "naturalistes" comme l'expressivité d'un visage, ainsi que des effets de profondeur dans ses compositions.

Avec Giotto (1266-1337), la rupture avec l'art byzantin est consommée: il substitue au fond or le bleu d'un ciel naturel. Des éléments hautement naturalistes s'invitent tels des habits et bâtiments contemporains. La complexité de la composition va croissant et bénéficie de premiers effets de pespective. Les sujets ne se meuvent plus en bloc mais sont individualisés. Par ailleurs, Giotto est le premier à réunir dans un même thème pictural les cycles de la vierge et du Christ. Ses nombreuses fresques en témoignent comme celle du Polyptique du couronnement de la Vierge à Florence (Eglise Santa Croce).

Les peintres de la Renaissance proprement dite

Masaccio (1401-1428) fut le premier peintre à accéder au rang d'artiste. En effet, les peintres étaient auparavant considérés comme des artisans. C'est fort de ce nouveau statut qu'il signera ses oeuvres de son nom. Il expérimentera la perspective linéaire et centrale nouvellement codifiée par Bruneleschi. De son ami Donatello, ses personnages hériteront d'un caractère sculptural. Sa palette est constituée de couleurs vives qu'il aima à baigner d'une lumière naturelle. Il peignit avec autant de talents les protraits de ses donnateurs et des trompe-l'oeil.

Quant à Piero della Francesca (1416-1492), il créa un monde étrange où les personnages, dignes, sont comme figés. Le silence qui émane de ses compositions en devient presque inquiétant. Les corps sont stylisés, faits d'un assemblage de formes géométriques, évoluant dans un décor architectural riche de détails et assorti d'une perspective savante. La Flagellation du Christ en sera l'exemple le plus significatif

Botticelli (1445-1510) fut un des protégés des Médicis, en particulier de Laurent le Magnifique. De sa formation initiale - il fut d'abord orfèvre - il retiendra le cisèlement des motifs. Cela se traduira par un art gracieux, aux couleurs vives et chaudes, à la ligne extrêment souple et allongée, assez éloigné finalement de l'idéal esthétique de la Renaissance. Un de ses traits caractéristiques est la mélancolie qui se dégage de ses personnages. Il transposera des thèmes tant bibliques que mythologiques et mettra son art au service de ses bienfaiteurs: il donnera aux rois mages les traits de membres de la famille Médicis témoignant ainsi de l'admiration qu'il vouait à ses mécènes.

On ne présente plus Leonardo da Vinci (1452-1519), archétype même du génie universel de la Renaissance. Ses apports à la peinture sont incontestables: il fut l'inventeur du sfumato, portera à un haut degré de maîtrise la composition pyramidale, emploiera parmi les premiers la perspective atmosphérique. Perfectionniste, il s'y reprend à plusieurs fois avant de saisir l'étrange sourire de ses portraits féminins. Son immense talent s'expatriera vers la France où il finira sa vie à la cour de François 1er.

Michelangelo (1475-1564) fut très tôt repéré par Laurent le Magnifique et pris sous son aile. Son talent précoce et rebelle lui fera réaliser des compositions complexes, giratoires. Sous son pinceau, Dieu n'est plus paix et douceur mais juge et vengeur. Sa palette est faite de couleurs claires, vives et acides. Toutefois il refuse les violents contrastes de lumière exceptés ceux du clair-obscur. Il exaltera la beauté du corps masculin qu'il dotera d'attitudes tourmentées, sculpturales toujours.

Rafaello enfin (1483-1520), habile à la synthèse, il mettra à profit tous les acquis de ses prédécesseurs. Ses compositions sont un modèle d'équilibre. Lui aussi possède un idéal de beauté féminin comme Leonardo da Vinci: il suffit pour s'en convaincre d'observer l'ovale pur de ses visages féminins. On comprend alors qu'il aime à peindre des Madone et autres portraits.

Le Maniérisme

Pontormo (1495-1556) fut le chef de file des maniéristes toscans. Ce style se caractérise par une ligne dite "serpentine" c'est à dire allongée et courbée à l'extrême. Dans ses oeuvres, Pontormo réalise des compositions circulaires où la notion d'un espace "naturel" n'existe plus. Sous une lumière glaciale, il fait se confronter des couleurs crues et ose le rapprochement d'un vert d'eau et d'un orange des plus vifs. Les sujets eux-mêmes , avec leur attitude agitée et leur regard halluciné, confèrent à l'ensemble un sentiment d'irréalité.

Le classicisme et le baroque

Après l'épisode maniériste, le classicisme tente de réconcilier la peinture avec la réalité en traitant par exemple des sujets populaires comme le fit Le Caravage. Tout en cultivant cet idéal d'équilibre classique, Pietro da Cortone (1596-1664) s'essaya au baroque. En Italie, ce style fut l'expression de la Contre-Réforme où il s'agissait de glorifier l'église catholique, de séduire et d'éblouir les fidèles. Il s'ensuivra au plan pictural des compositions tourbillonnantes ou en diagonale où semble régner un grand désordre. Ici, il y a primauté de la vue d'ensemble sur le détail. C'est un style hautement ornemental (stucs peints par exemple).

Du XVIIIème au XXIème siècle

A partir du XVIIIème siècle, la peinture toscane perdit quelque peu de son rayonnement. L'Europe connu dès lors d'autres centres culturels majeurs comme Paris depuis la fin du XIXème siècle. Plusieurs styles se succédèrent: le Roccoco et le Néoclassicisme au XVIIIème, le Romantisme au XIXème, le réalisme, l'impressionisme (l'équivalent italien sera le mouvement des macchiaioli), le post-impressionnisme, le symbolisme, l'art nouveau (1849-1904), l'art moderne et le début de l'art comtemporain (1905-1965). En ce qui concerne la Toscane, on ne retiendra que le nom d'Amedeo Modigliani (1884-1920), natif de Livourne et très apprécié de son vivant. Ce peintre miné par la maladie donnera naissance à des personnages au regard mélancolique d'une grande douceur, pour lesquels on notera l'influence majeure du sculpteur Constantin Brancusi avec lequel Modigliani a travaillé (voir pour cela les visages féminins de Modigliani très inspiré des arts primitifs).

Sculpture

L'antichambre de la Renaissance

La statuaire étrusque était réservée à l'art funéraire. Elle demeura décuverte cependant plus pauvre et moins élaborée que celle des Romains qui suivirent. Passée l'Antiquité, il fallut attendre le XIIIième siècle pour renouer avec la représentation sculptée du corps humains. En effet, ce fut grâce à la récente la mise au jour des chefs-d'oeuvre antique que naquit un regain d'intérêt pour la sculpture. Nicola puis Giovanni Pisano posèrent alors les bases d'un nouveau langage artistique. Ils signèrent les chaires finement ciselées des cathédrales de Pise, de Sienne et de Pistoia.

La Renaissance

Dès lors, l'église n'est plus le seul commanditaire d'oeuvres d'art. De nombreux mécènes laïques (comme les Médicis) financent et encouragent l'élaboration de nouveaux chefs-d'oeuvre: on voit alors apparaître des sujets profanes tels le David de Donatello (1386-1466) qui fit sensation, réintroduisant par la même le nu de l'art classique, tandis que les portes en bronze du baptistère de Florence rayonnent du savoir-faire de Ghiberti (1380-1455).

S'il a réservé ses oeuvres les plus célèbres à la ville de Rome, Michelangelo (1475-1564) n'en a pas pour autant délaissé sa région natale, bien au contraire: il fut l'auteur de la splendide bibliothèque laurentienne à l'harmonie de gris et blanc si caractéristique, ainsi que la nouvelle sacristie abritant les tombeaux de Laurent le Magnifique et de ses fils. Quant à son David, il reste la pièce maîtresse de la Galleria dell'Accademia. Cette oeuvre, taillée en moins de trois ans dans un bloc de marbre de plus de quatre mètres de hauteur était sensée représenter l'indéfectible volonté d'indépendance de la ville de Florence. Il représente également le retour à une reproduction plus fidèle des canons de l'Antiquité.

Le Maniérisme

Le maniérisme en sculpture sera illustré par les oeuvres de Benvenuto Cellini(1500-1571), orfèvre-sculpteur florentin: on retiendra son admirable persée en bronze à la loggia dei Lanzi. Le style maniériste se caractérise par une torsion des corps et des effets stylistiques empreints d'une grande sensualité. Ici, l'esthétique prédomine sur le sens d'une oeuvre. C'est l'époque où se développe le thème du nu féminin. Passée cette ère, la Toscane s'effacera devant le rayonnement de nouveaux centres artistiques, Rome notamment avec l'arrivée du style baroque.

Vers l'époque moderne

Seul Modigliani (1884-1920) fera figure de maître toscan bien que son art s'exerça essentiellement à Paris. Il y travailla sous l'influence de Constantin Brancusi et laissera peu d'oeuvres sculptées en regard de sa production picturale. Celles-ci sont fortement inspirées des arts primitifs africains.

Architecture

Etrusques et Romains

Peu d'ouvrages étrusques sont parvenus jusqu'à nous. Pour autant, on sait que ce furent de grands bâtisseurs: ils faisaient déjà usage de la voûte et maîtrisaient les arcs brisés qu'ils construisaient selon la technique de l'encorbellement. Célèbres pour leurs maisons mortuaires, ils étaient aussi de grands constructeurs de ponts et d'acqueducs, savoir qu'ils léguèrent ensuite aux Romains. Les vestiges des édifices romains sont tout aussi rares, car si l'on excepte quelques amphithéâtres ici ou là (Arezzo, Lucca...), il ne reste plus grand chose de cette brillante civilisation. C'est tout juste s'il subsiste au centre de Florence quelques traces d'un plan quadrillé matérialisant l'ex-decumanum (axe est-ouest: via del Corso) et l'ex-cardo (axe nord-sud: via Calimala).

Roman et gothique

C'est la vague de construction d'églises à partir du IXième siècle qui a suscité un renouveau de l'architecture en Toscane: les églises d'alors furent bâties selon un plan basilical (rectangulaire), en croix, ou encore centré( comme la plupart des baptistères). D'abord austères de façade, ces églises furent embellies selon le style roman italien. Ce dernier emprunte à l'Orient et au monde musulman, avec lesquels il commerce, leurs coupoles et quelques uns de leurs motifs ornementaux (la mosaîque entre autres). La décoration en marbre polychrome sera désormais une marque de fabrique du style toscan. Les édifices de la Piazza dei Miracoli à Pise en restent le meilleur exemple tandis que Giotto signera le très beau campanile de Florence.

Quant au style gothique, il eut relativement peu d'écho dans cette région pour plusieurs raisons: sans doute assimilé à un style étrangé car venu du nord, il fut quelque peu boudé; qui plus est, le style roman fait d'horizontalité avec ses murs épais et ses rares vitraux ou fenêtres était-il plus adapté au climat méditerranéen et aux impératifs de conservation des fresques. Néanmoins, le gothique réussit partiellement sa percée puisque fut érigée la cathédrale de Siena toute de motifs sculptés et d'élan vertical, véritable joyau du Moyen-Age. Mais les Toscans ont tenu à y mêler des motifs typiquement romans comme les arcades rondes, les dômes,...
Les édifices civils accueilleront le style gothique avec beaucoup moins de réticence. C'est à cette époque que sont érigés, conformément à ce style, le Palazzo Publico de Siena et le Palazzo Vecchio de Firenze: fleurissent ainsi les mâchicoulis, les baies géminées ou trilobées, les tours crénelées...

La Renaissance

Pas de rupture brutale avec les siècles passés: les plans paléochrétiens sont conservés mais l'accent est mis sur l'harmonie des proportions. Le retour aux idéaux classiques donne lieu à de savants calculs, ainsi qu'à l'emploi d'ornements comme les colonnes corinthiennes ou encore des frises graphiques.
Le chef d'oeuvre majeur de cette époque fut bien sûr le dôme de la cathédrale de Florence imaginé par Brunelleschi. Constitué d'une double calote auto-portante, réalisé grâce à des mortiers à prise rapide, cet édifice put se passer d'une infrastructure en bois qui d'ailleurs aurait englouti toute les forêts toscanes! Achevée en 1486, la consécration du dôme fut aussi celle de son architecte qui prit ainsi sa revanche sur Ghiberti, auteur des portes du baptistère.
L'architecture civile ne fut pas délaissée pour autant. Princes et riches marchands se firent construire d'élégants palais selon le modèle de celui des Médicis à Florence: une maison à trois étages centrée par une cour intérieure, la façade étant embellie d'un bossage rustique (c'est à dire de grossiers moellons saillants disposés à l'étage inférieur, constrastant avec le parement en brique des niveaux supérieurs).
La retraite à la campagne est elle aussi à la mode: on y voit fleurir de nombreuses villas abritant de riches familles fuyant momentanément l'agitation de la ville.

Vers l'époque moderne

Par la suite, FLorence fera l'objet de remaniements pas toujours très heureux, mais dans l'ensemble, la ville a su conserver son cachet renaissance tout comme Siena s'identifie comme purement gothique. Malgré des évènements historiques et naturels parfois dramatiques, les efforts de restauration nous permettent aujourd'hui encore de profiter de ces joyaux plusieurs fois séculaires.

Musique

Le monde de la musique doit à un moine toscan, Guido d'Arezzo, l'invention de son système de notation actuel. C'est en Toscane également que naquit le genre de l'opéra. Jacopo Peri fut l'auteur de ce qui est considéré comme le premier opéra dans l'histoire de la musique: Dafne. S'illustreront dans ce genre des compositeurs comme Cherubini (1760-1842) puis Puccini (1858-1924). Toutefois, les musiciens issus de la région n'acquèreront jamais la renommée qu'était celle de ses peintres, sculpteurs et autres architectes.
Les Toscans n'en demeurent pas moins attachés à cette forme d'expression artistique comme en témoigne l'existence de nombreux festivals musicaux prestigieux comme le mai musical florentin, l'accademia musicale chigiana à Siena, le festival di San Gimignano ...

Littérature

Dante (1265-1321), Pétrarque (1304-1374), Boccace (1313-1375), trois noms qui incarnent les apports de la Toscane à la littérature italienne: Ces trois poètes et narrateurs, auteur pour le premier de la Divine Comédie, pour le deuxième des Canzoniere, pour le troisième enfin du Décaméron, furent à l'origine de l'emploi du toscan dans la littérature au dépens du latin. C'est ce dialecte qui donnera naissance à l'italien moderne. On comprend alors comment ces géants littéraires ont contribué à la diffusion du savoir et ouvert la voie aux idées de la Renaissance.
Le penseur le plus célèbre de cette époque fut sans doute Niccolo Machiavelli (1469-1527), réunissant dans son oeuvre majeure Le Prince, traité d'art politique et analyse lucide du comportement humain.
Parmi la littérature scientifique cette fois-ci, on ne peut oublier la contribution du Pisan Gallileo Gallilei (1564-1642): ses expérimentations sur le mouvement de la Terre et des astres, bien que diffusées sous formes de contes, lui attirèrent les foudres de la Sainte Inquisition devant laquelle il dut plier et renier ses découvertes.
Par la suite, la Toscane ne fournit plus de grands noms de la littérature, mis à part le poète Giosué Carducci (1835-1907), premier prix nobel italien. Quant à Carlo Collodi (1826-1890), sa célébrité fut eclipsée par celle de sa célèbre marionnette: Pinocchio!

Cinéma

De nombreux réalisateurs étrangers ont tourné leur film au milieu de décors toscans. Ce fut le cas de James Ivory en 1986 pour Chambre avec vue ou encore Antony Minghella en 1996 pour le Patient anglais.
Il fallut cependant attendre 1998 avec La Vita è bella de Roberto Benigni (qui reçut un oscar) pour voir un réalisateur toscan remporter aussi bien les suffrages des critiques que des spectateurs. Pour ceux qui ne l'aurait pas encore vu, en voici un résumé:
Avec pour interprètes principaux : R. Benigni (Guido), N. Braschi (Dora), G. Durano (Giosuè)...
L'histoire : Dans une ville de Toscane en 1938, Guido est amoureux de Dora, mais elle est promise à un bureaucrate fasciste. Comme dans les contes de fées, Guido l'enlève le jour de ses fiançailles. Cinq ans plus tard, ils ont eu un fils, Giosuè. Mais les lois raciales sont entrées en vigueur en Italie. Guido est juif. Un jour, Dora rentre à la maison et ne trouve ni fils, ni mari. Ils ont été déportés. Par amour pour eux, Dora monte de son plein gré dans le train qui les emmène. A l'intérieur du camp de concentration, Guido n'a qu'une obsession : sauver son enfant de l'enfer. Remarque : Seule la première partie du film se passe en Toscane. Le scénario en français est publié dans la collection Folio poche. La langue italienne utilisée, ainsi que le découpage des scènes, se prêtent particulièrement à une exploitation en classe.
La totalité de l'article est visible sur le site du Crdp d'Alsace.

Toscana, Citte d'Arte Octobre 2006