Toscana

Une grande passion semble lier les Toscans à la céramique. A la faïence du XIVème siècle fut substituée dès la Renaissance une nouvelle qualité de céramique: la majolique. L'atelier de Cafaggiolo s'est rendu célèbre grâce à elle. Mais c'est sans compter la découverte des procédés de fabridation de la porcelaine à Florence au XVIème siècle (sous l'impulsion des Médicis qui en étaient de vrais amateurs), repris et développé un siècle plus tard par la manufacure Ginori à Doccia. Celle-ci, rachetée en 1896 par le milanais Augusto Richard bénéficie toujours du même prestige.

L'art de la terra cotta est largement répandu à travers toute la Toscane. L'argile de Siena est riche en carbonate de calcium, de même que celle d'Impruneta qui comprend également beaucoup d'oxyde de fer. Toutes deux sont prétextes à la réalisation de multiples poteries destinées à orner les célèbres jardins à l'italienne. Leur mélange donne le galestro fiorentino employé à la création de panneaux décoratifs, de cadrans solaires, de colonnettes et de statues.

La ville de Volterra s'en est fait une spécialité. La variété d'albâtre qu'on y trouve est faite de sulfate de calcium hydraté. Les Etrusques ont été les premiers à en faire usage, créant ainsi de splendides urnes funéraires. Ce matériau plus tendre donc plus facile à travailler que le marbre a eu la faveur des artistes toscans jusqu'à la Renaissance: les possibilités décoratives étaient très vastes. Puis le matériau fut quelque peu boudé avant une réapparition au XVIIème siècle lorsqu'on voulut reproduire des objets d'art classiques. Depuis, son travail est jalousement perpétué par les artisans de la ville.

Le travail du cuir est une spécialité de la ville de Florence: l'essor de cette activité a bénéficié de l'indispensable présence d'un cour d'eau, l'Arno, pour le rinçage des peaux (tout comme celui des étoffes teintes). Aujourd'hui, on trouve une multitude d'articles en vente sur les marchés tout comme dans les boutiques de luxe. Ainsi, la boutique Madova propose-t-elle toutes tailles, styles et couleurs de gants alors que Gucci reste célèbre pour ses mocassins chics.

L'activité textile se déroule essentiellement dans la région de Florence (dans la ville même ainsi qu'à Prato au nord-ouest).
C'est au XIIIième siècle que les "arte" voient le jour: les métiers du textile y sont fort bien représentés comme en témoignent drapiers, lainiers et soyeux, formant trois des sept arts majeurs.
Ces riches corporations furent elles aussi à l'origine de commandes artistiques: ainsi l'Arte della Lana a-t-elle contribué au financement de la coupole de Brunelleschi bien que celui-ci fut déjà soutenu par Cosme l'Ancien.
Aujourd'hui, c'est l'industrie du luxe qui réclame des matières premières de grande qualité: pas étonnant alors que de célèbres marques de mode ou de linge de maison aient vu le jour dans la cité des Médicis.
Quant à Prato, elle est à ce jour ni plus ni moins que la capitale du textile en Europe.

Les motifs de ces papiers sont réalisés en étirant des gouttes de couleur avec un "peigne". La délicatesse de cette technique fait de ce papier un produit de luxe venant recouvrir des articles de bureau ou les pages de gardes d'un livre précieux. Seuls les vénitiens peuvent disputer ce savoir-faire aux florentins.

Autre spécialité de Florence, qu'elle partage néanmoins avec Arezzo.
A Arezzo, cet artisanat prend ses racines dans le savoir-faire des Etrusques. Depuis, cette activité ne s'est jamais essouflée: on peut en voir un exemple à la Cappella di Ciuccio Tarlati où repose le reliquaire d'or qui abrite les restes de saint Donato.
A Florence, les joailliers et orfèvres se concentrent sur le Ponte Vecchio: ils y ont été invités par Ferdinand Ier en 1593, dont les narines sensibles avaient souhaité le déplacement des bouchers puis tanneurs initialement présents. Le plus célèbre orfèvre de la ville fut sans doute Sandro Botticelli, reconverti en peintre mais dont le métier d'origine n'a cessé d'influer sur son art pictural.

La gastronomie toscane possède trois produits phare: l'huile d'olive, le vin (dont tous les crus sont à base de sangiovese comme le Chianti et le fameux Brunello di Montalcino), et ... les haricots! Ce serait même avec Catherine de Médicis que ces derniers arrivèrent à Castelnaudary avec la suite que l'on connait. Bref, une cuisine simple fondée sur le fraîcheur de ses produits. Alors, retroussons nos manches et c'est parti!

Les entrées

Fagioli al fiasco (Sienne)

Pour 4 personnes: 350g de haricots blancs secs (cannellini), 2 gousses d'ail, 5 feuilles de sauge, 1/2 piment, 5 grains de poivre noir, 1/2 tasse d'huile d'olive.
La veille de la préparation, faites tremper les haricots dans de l'eau froide.
Vider un fiasco de 1,5 litre de Chianti (bouteille traditionnelle). Le matin suivant mettre les haricots dans le fiasco avec l'ail, la sauge, le piment effilé, le poivre. Saler. Verser l'huile et compléter avec de l'eau jusqu'au niveau des haricots. Fermer le fiasco avec un morceau de tissu et mettre au four à 120°C pendant 3 heures. L'eau doit s'être totalement évaporée. Servir avec un filet d'huile d'olive en accompagnement de jambon de Parme.

Bruschetta con pecorino e noci (Arezzo et ses environs)

Pour 4 à 6 personnes: 1 pain de campagne, huile d'olive, 1 gousse d'ail, pecorino ou fontina, noix émiettées.
Préparer les bruschette: couper plusieurs tranches de gros pain. Les tremper dans l'huile d'olive, avant de les faire griller. Frotter à l'ail. Pour chaque bruschette, faire fondre lentement dans une poêle une tranche de pecorino (ou fontina). Si possible sur des braises. Sur le fromage qui commence à fondre, saupoudrer des miettes de noix. Avec une spatule, faire glisser les portions de ce fromage sur les pains grillés.

Les plats

Trippa alla fiorentina (Florence)

Pour 6 personnes: 1,5 kg de tripes nettoyées et blanchies, 2 kg de tomates mûres, 1 oignon, 1 gousse d'ail, 1 cuillérée à soupe d'huile d'ollive, 4 feuilles de basilic frais, 1 brin de persil, 150g de parmesan râpé, sel, poivre, 1/2 sucre.
Rincer les tripes et les détailler en bandelettes. Réserver.
Peler, en les plongeant 30 secondes dans l'eau bouillante, et concasser grossièrement les tomates. Hacher l'oignon et l'ail. Les faire revenir dans l'huile d'olive. Ajouter les tomates, saler, poivrer, ajouter 1/2 sucre. Faire cuire à feu modéré jusqu'à ce que la sauce épaississe. Ajouter les feuilles de basilic et le persil grossièrement ciselés en fin de cuisson. Faire mijoter les languettes de tripes à feu doux dans cette sauce tomate. Servir al dente comme les pâtes, généreusement saupoudrées de parmesan râpé.(PS: j'ai vraiment pris sur moi afin de vous présenter cette recette typique car je n'aime vraiment, mais alors VRAI-MENT pas les tripes! Bon appêtit quand même à ceux qui tenteront!)

Ribollita (Sienne)

Pour 6 personnes: 300g de haricots blancs secs, 1 oignon rouge, 2 carottes, 4 branches de céleri, 2 feuilles de chou vert, 4 gousses d'ail, 5 grosses tomates pelées et concasées, 1 bouquet d'herbes (persil, basilic, sauge), 1 pomme de terre, huile d'olive, bouillon de légume, de poule ou de viande, du pain de la veille, sel, poivre.
Plonger les haricots dans 1 litre d'eau et les mettre à bouillir. A ébullition, sortir du feu et laisser environ 2 heures dans l'eau. Couvrir à nouveau d'eau, saler (1 cuillères à café de sel), poivrer et laisser mijoter environ 30 minutes, jusqu'à ce qu'ils soient presque cuits.
Couper les légumes en morceaux moyens. Faire revenir l'oignon et les carottes dans l'huile d'olive. Puis ajouter le céleri, le chou, l'ail et une goutte d'huile si nécessaire. Au bout de 10 minutes de cuisson, incorporer les tomates pelées, la pomme de terre coupée, les haricots et le bouquet d'herbes.
Couvrir avec du bouillon. Porter à ébullition, puis laisser mijoter à feu doux pendant 1 heure. Laisser refroidir plusieurs heures: la ribollita, signifiant littéralement "bouillie deux fois", révèle toute la richesse de ses saveurs, réchauffée.
Placer le pain dans la soupière et verser la ribollita, ajouter le persil haché, râper du parmesan et parfumer d'un filet d'huile d'olive crue.
Très complète, cette ribollita peut faire office de plat unique.

Les douceurs

Zuppa inglese (Pise et ses environs)

Pour 6 personnes: 4 jaunes d'oeufs, 2 cuillères à soupe de sucre, 2 cuillères à café de farine, 50 cl de lait, 200g de biscuits à la cuiller, 1 tasse de mélange de vino santo et d'eau froide.
Dans une casserole, faire chauffer le lait en veillant à ne pas le laisser bouillir.
Dans une terrine, fouetter les jaunes d'oeufs pendant 3 minutes, en ajoutant progressivement le sucre (jusqu'à obtention d'un mélange épais et pâle), puis la farine et le lait, sans arrêter de remuer. Lorsque le mélange est bien homogène, le verser dans une casserole.
Faire épaissir et lisser cette crème au bain-marie (sans laisser bouillir) sur feu moyen en remuant constamment.
Retirer la casserole du feu, verser la crème dans une terrine, remuer encore quelques minutes, couvrir et laisser refroidir.
Pendant ce temps, tremper les biscuits dans le vino santo et en tapisser le fond d'un moule en verre. Recouvrir de crème. remplir ainsi le moule en alternant biscuits et vrème, en terminant par une couche de crème. Mettre au réfrigérateur jusqu'au moment de servir.

Panforte (Sienne)

Pour 6 personnes: 15 cl d'eau froide, 180g de sucre en poudre, 2 cuillères à soupe de miel foncé, 20 g de sucre brun, 200g d'écorce d'orange confite, 100g de cédrat confit, 200g d'amandes non blanchies, 150g de farine, 10g de cacao amer, 1 pincée de piment en poudre, 1 pincée de noix de muscade râpée, 1 pincée de cannelle.
Dans une casserole, mélanger l'eau, le sucre, le miel, le sucre brun. Sur feux doux et en remuant doucement, porter à ébullition.
Faire bouillir ce sirop jusqu'à ce que des bulles assez grosses se forment à la surface. Retirer la casserole du feu, et ajouter en mélangeant intimement les fruits confits, puis les amandes, le cacao et les épices. Tout en remuant, incorporer peu à peu la farine jusqu'à obtention d'une pâte homogène et collante. Allumer le four à 200°C pendant 25 minutes. Verser la pâte dans un moule rond de 23 cm de diamètre. Saupoudrer légèrement de farine. Glisser au four préchauffé et faire cuire pendant environ 20 minutes.
Laisser refroidir le panforte à température ambiante pendant au moins 4 heures. Poudrer de cacao relevé d'une pincée de poivre noir avant de servir.
Note: Mais oui, mais oui, j'entends déjà ricaner ceux d'entre vous qui me savent allergique aux écorces d'agrumes. Mais cette recette est si incontournable que son omission m'aurais valu un gage pour manque de rigueur intellectuelle...

Bref, toutes ces recettes sont extraites du livre "L'esprit du goût: La Toscane" de Gilles Plazy et Bruno Morandi aux éditions Plume.

Fêtes

Dimanche de Pâques:

Scoppio de Carroou Explosion du char (Florence). Un char en bois est mis à feu par une colombe factice et laisse place à une cascade de feux d'artifice. Ces feux sont censés rappeler les étincelles qu'un croisé obtenait au moyen des pierres qu'il avait ramenées de la tombe du Christ.

17 juin:

Luminario di San Ranieri et Regate historique des républiques maritimes (Pise)

Avant-dernier dimanche de juin/premier dimanche de septembre:

Giostra del Sarracino ou Joute du Sarrazin (Arezzo). Les cavaliers armés d'une lance essayent de toucher l'éfigie d'un sarrazin.

24 juin:

Calcio storico fiorentino et feux sur la Piazza Michelangelo (Florence). Consiste en un mélange de football, de lutte et de que sais-je encore...

Juillet à septembre:

Estate Sangimignanese (festival culturel international: oeuvres lyriques, prose, danse, concerts, cinéma)

2 juillet/16 août:

Palio delle Contrade (Siena). Des cavaliers, représentant les 17 quartiers de la ville, s'affrontent sur des cheveaux montés à cru. La fête s'achève par un grand repas à travers la ville. Le cheval gagnant se voit offrir ses mets préférés.

13 septembre:

Luminaria di Santa Croce (Lucca)

Objets et marques cultes

La vespa

Les origines Vespa est née au printemps 1946 de l'intuition d'Enrico Piaggio et du projet de Corradino D'Ascanio, génial concepteur aéronautique. D'Ascanio, qui n'aime pas les motocyclettes, conçoit un véhicule révolutionnaire. Il imagine un véhicule avec coque porteuse et boîte de vitesse sur le guidon. Il positionne le moteur sur la roue arrière. La fourche avant (qui évoque un train d'atterrissage d'avion) permet de changer la roue facilement. La première Vespa Au mois d'avril 1946 les 15 premiers exemplaires sortent de l'usine de Pontedera. La première Vespa est une véritable utilitaire à deux-roues, un véhicule qui ne ressemble pas aux motocyclettes bruyantes et peu maniables de l'époque. Un véhicule qui évoque classe et élégance dès le premier coup d'œil. Le succès de la Vespa Le succès de la Vespa est un phénomène unique. A la fin de 1949, 35 000 exemplaires étaient déjà produits. Au milieu des années cinquante, la Vespa est produite en Allemagne, en Grande-Bretagne, en France, en Belgique et en Espagne. Et après quelques années, également en Inde et en Indonésie. La Vespa n'est pas "seulement" un scooter.
C'est l'un des symboles du style et de l'élégance italiennes dans le monde, avec une diffusion phénoménale de plus de 16 millions d'unités produites.
Mais la Vespa n'est pas qu'un phénomène commercial. Elle se fond avec l'histoire de la société. Au cours des années de la "dolce vita", la Vespa devient synonyme de scooter. Dans leurs reportages, les correspondants étrangers décrivent l'Italie comme "le Pays de la Vespa" et la présence du véhicule dans des centaines de films témoigne du rôle joué par la Vespa dans la société - et pas uniquement la société italienne.
La Vespa a cette incroyable capacité à s'adapter à chaque nouvelle génération de jeunes, en opérant à chaque fois une mutation de son image. Elle a tout d'abord marqué une liberté de mouvement pour tous, puis comme le deux-roues symbole du boom économique. Par la suite, dans les années soixante et soixante-dix, elle a véhiculé la révolution des idées opérée par les jeunes de ces années-là. De célèbres campagnes publicitaires ont marqué leur époque, en développant des notions et des expressions reprises par tous.
Ce texte est extrait du site officiel de la firme Piaggio.

Les grands noms de la mode: Gucci et Pucci

Guccio Gucci est né en 1881 à Florence: il y fonda sa première boutique en 1906, spécialisée dans les bagages et selles en cuir à destination du monde de l'équitation. Il intégra très tôt le secteur du luxe: ses créations mythiques comme son sac à anses de bambou et ses mocassins datent toutes des années cinquante. Il créera par les suite, des articles textiles comme des cravates et des foulards, puis des accessoires de mode (montres, lunettes, ...). Récemment, comme beaucoup de grande marque de la mode, il lancera une ligne parfumée. Des célébrités comme Audrey hepburn, Grace Kelly ainsi de Jackie Kennedy contribuèrent à forger sa réputation. Son nom reste un synonyme de chic à l'italienne.
Quant à Emilio Pucci, il naquit à Naples en 1914. Cet homme sportif et cultivé (il fut docteur en science politique, diplômé de l'université de Florence), reste pour le monde de la mode le "Prince des imprimés": il ouvrit la voie à l'explosion de couleurs des années soixante et réalisa des vêtements tant confortables qu'élégants. Des icônes commes Madonna et Paloma Picasso assurèrent sa renommée. Après le décès en 1992 de son créateur, la marque connut quelques difficultés aujourd'hui oubliées: c'est le français Christian Lacroix qui reprit le flambeau en perpétuant la tradition des imprimés flamboyants.