Toscana

Citte d'Arte

Précis d'histoire

Les Etrusques

La Toscane au temps des Etrusques

Selon la légende diffusée par Hérodote, les Etrusques ne seraient autres que des Lydiens chassés de leur pays par la famine. On pense aujourd'hui que ce peuple, apparu dès le VIIIème siècle av J-C, serait plutôt issu d'un mélange d'autochtones et de colons venus d'Asie Mineure. La civilisation étrusque rayonna alors onze siècles durant grâce à un commerce florissant. Son expansion atteindra son apogée au VIème siècle av J-C. Le territoire étrusque comprendra alors la majeure partie de la Toscane actuelle ainsi qu'une bonne partie de l'Ombrie et du Latium. Les cités-états qui le composaient étaient organisées en fédérations - plus préoccupées de religion que de politique - gouvernées par un lucumon. La période qui s'étendit de la chute de Tarquin le superbe en -509 à celle de la capitale religieuse Volsinies en -264 vit progressivement s'éteindre cette brillante civilisation au fur et à mesure des conquêtes romaines. Les Etrusques léguèrent aux Romains - auxquels ils furent en fait assimilés - leur savoir en matière d'urbanisme, d'acheminement de l'eau, d'agriculture, de travail du bronze...

Les Romains

La Toscane au temps des Romains

C'est donc vers -90 que les Romains finirent par accorder la citoyenneté à leurs alliés, les Etrusques en faisant désormais partie.
En -59, et en vertu de la toute nouvelle loi agraire, César accorda des terres à ses vétérans et, ce faisant, créa une colonie sur les bords de l'Arno à l'endroit où celui-ci était le plus étroit. Cette colonie prendra le nom de Florentia. Sa situation géographique doublement avantageuse - à la fois sur l'Arno et sur la via Cassia qui reliait Rome au nord de l'Italie - lui permit de prospérer rapidement.

Papes et empereurs

Guelfes et Gibelins en Toscane

Après la chute de Rome, la Toscane se retrouva de nouveau soumise à des puissances étrangères: ce furent successivement les Goths puis les Byzantins et enfin, les Lombards. Rome et donc la papauté elle même menacée fit appel aux Carolingiens pour déloger les Lombards. Ce qu'ils firent, puis accordèrent au pape leur protection et de nouvelles terres: ce sera la naissance des Etats Pontificaux. En remerciement, le pape couronnera Charlemagne Empereur d'Occident. Mais la discorde entre les pouvoirs de l'empereur et ceux du pape ne tarda pas à s'installer. Elle prendra le nom de Querelles des Investitures: en effet, le conflit s'était cristallisé sur la question de la nommination des ecclésiastiques. D'aucun s'était apperçu qu'il s'agissait plutôt d'une lutte de pouvoir dans la région. Chaque camp courtisait les principales cités, celles-ci se rangeant tantôt du côté des partisans de l'empereur (les gibelins) ou de ceux du pape (les guelfes). C'est dans ce contexte que se développèrent les communes.

Les Communes

La Toscane au temps des Communes

Le choix formulé par les communes fut plus opportuniste que convaincu. Elles mirent à profit les privilèges que leur accordait grassement chaque camp pour se développer et...s'émanciper. C'est de cette époque que date la création des premières corporations à Florence (celle des lainiers et des banquiers étant parmi les plus puissantes), de l'hégémonie sur les mers de Pise. Le gouvernement des communes était alors assuré par une assemblée de représentants des principales corporations. Ce pouvoir fut pendant un temps seulement concurrencé par celui du podestat, représentant de l'empereur étrangé à la ville. Le mode d'élection de ces représentants fut très vite détourné par les grandes familles de banquiers à leur avantage. C'est ainsi que nombre d'entres elles arrivèrent au plus haut sommet du pouvoir comme le furent les Médicis.

Les premiers Médicis

La Toscane au temps des premiers Médicis

Jouissant des conseils de son père Giovanni di Avererdo di Bicci ainsi que de la fortune constituée par celui-ci, Cosme l'Ancien fut le premier des Médicis à accéder au pouvoir suprême en 1434. Malgré la tentative des Albizzi de l'écarter du pouvoir, il fut rappelé par le peuple un an seulement après son départ en exil. Suivant les recommandations de son père, il fut un souverain sans titre, discret et humble d'apparence, semblant suggérer ses opinions plus qu'il ne les imposaient. Pour autant, il fera de Florence un joyau de la Renaissance, offrant un soutien indéfectible aux artistes, encourageant les humanités. Il fit construire nombre de bâtiments publics dont une bibliothèque,puis une académie platonicienne. Il fut le mécène qui encouragea l'architecte Brunelleschi quand celui-ci participa au concours (qu'il remportera) de l'édification de la coupole du Duomo. Ce grand souverain inaugura une nouvelle ère de prospérité.
Après un bref passage de son fils Pierre le Goutteux, c'est à Lorenzo, dit il Magnifico, que reviennent en 1469 les rennes du pouvoirs. Comme son grand-père, il sut garder le soutien du petit peuple, poursuivit dans la direction du mécénat artistique: il prit sous son aile Botticelli puis Michelangelo qu'il fit élever avec ses propres fils. Diplomate habile, il parvint à mettre Florence à l'abri de la convoitise des autres états rivaux. Ayant échappé à la conjuration des Pazzi en 1478 (coup d'état sous la houlette du pape sixte IV dont les Médicis était les banquiers et avec lequel était né un malentendu) contrairement à son frère Giuliano, il procéda à une répression impitoyable: la plupart des conspirateurs furent pendus voire torturés. A l'évidence, sa personnalité flamboyante lui fera abandonner la discrétion de ses prédécesseurs: son intelligence, sa sensibilité artistique de même que sa cruauté feront de lui le personnage le plus fascinant de l'histoire de la ville. Toutefois, moins à l'aise dans les affaires commerciales, il contribua à la ruine de l'empire financier de la famille. Il mourrut de mort naturelle en 1492: Florence perdit alors son dirigeant le plus charismatique.

L'épisode Savonarole

La Toscane lors de la parenthèse Savonarole

Naturellement, le pouvoir échut au premier fils de Lorenzeo il Magnifico: Piero il Fauto (Pierre II l'Infortuné). Pour peu de temps cependant, car ce dernier s'avère incompétent et peureux: en 1494, il abandonne Florence aux mains de Charles VIII, roi de France. Ce dernier s'étant éloigné pour gagner Naples, un dominicain du nom de Girolamo Savonarole entra en scène. Ce prieur fanatique du couvent de San Marco était totalement opposé à ce qu'était devenue Florence: une ville selon lui décadente. Dans ses véhéments prêches, il mettait en garde les florentins contre leur amour pour les plaisirs de la terre. Il profitera de cette période troublée où la France et l'Espagne se disputaient l'hégémonie en Europe pour brandir la menace de damnation de la ville. Apeurés, les florentins se précipitèrent en 1497 au bûcher des vanités pour y brûler livres, instruments de musique, oeuvres d'art... Un an plus tard, c'est sur cette même piazza della Signoria que Savonarole fut brûlé après avoir été excommunié, torturé, puis condamné pour hérésie par le pape Borgia, Alexandre VI.

Les seconds Médicis

La Toscane au temps des seconds Médicis

Les Médicis revinrent au pouvoir en plusieurs étapes: tout d'abord, Florence fut sous le contrôle officieux de deux papes Médicis: Léon X qui n'est autre que Giovanni, second fils de Lorenzo il Magnifico puis Clément VII ou Giulio de Médicis. Vint ensuite Alexandre de Médicis, époux de la fille de Charles Quint, récemment réconcilié avec le pape Clément VII. Mais ce dernier n'était déjà plus qu'un pion entre les mains des maisons d'Espagne et d'Autriche. Celui-ci mourrut (assassiné par son cousin Lorenzino, le Lorenzaccio de Musset) sans laisser d'héritier. En 1537, l'empereur désigna un membre d'une branche secondaire de la famille: le dénommé Cosme. L'empereur comptait sur la jeunesse (Cosme n'avait alors que 18 ans) et l'inexpérience de celui-ci pour pouvoir imposer ses directives. C'était sans compter l'étonnante maturité politique de ce dernier: bien que n'ayant pas été élevé dans l'optique de diriger la ville, il fit preuve de ruse et d'autorité. Sous son règne, Florence recouvrit de son prestige passé, se dotant même d'une force armée digne de ce nom: en 1555, Sienne tombe sous son escarcelle achevant ainsi la quasi unité de la Toscane (il manque encore Lucca). En 1569, La Toscane sera érigée en grand-duché: Cosme Ier fut donc le premier des Médicis à porter un titre officiel. Il dota Florence d'une administration centralisée, installant ses collaborateurs dans les Offices alors que lui-même s'était octroyé le Palazzo Vecchio. son épouse, Eléonore de Tolède, issue d'une lignée royale, voulut emménager dans des locaux plus vastes: elle fit élever le Palazzo Pitti. Cosme Ier demanda alors la construction du Corridor Vasari pour rejoindre ce palais sans être mêlé à la foule. De ses descendants, seuls François Ier et Ferdinand Ier surent gouverner efficacement. Mais Florence était déjà sur le déclin, précipité par l'incompétence des derniers Médicis qui suivirent: Ferdinand II, Cosme III puis Gian Gastone. Le règne de cette illustre famille s'acheva en 1743, lorsque la ville revint au duc de Lorraine (le futur empereur françois Ier d'Autriche) à la mort d'Anne Marie-Louise, soeur de Gian Gastone.

Le Risorgimento

La Toscane au temps du Risorgimento

Depuis lors, l'avenir de la Toscane demeurera entre les mains de la maison d'Autriche jusqu'au milieu du XIXème siècle, si l'on excepte un bref passage napoléonien. Dès le congrès de Vienne en 1814, la France devra renoncer à toute autorité sur la région. Même l'île d'Elbe et la principauté de Piombino rallient le grand duché de Toscane tandis que Lucca revient à l'infante d'Espagne Marie-Louise de Bourbon. La Toscane connaîtra sous cette ère les réformes économiques et sociales libérales qu'elle attendait depuis longtemps. Toutefois, cela ne suffit pas à contenir l'élan patriotique naissant. Les Toscans, lassés du défilé des puissances étrangères, adhérèrent au mouvement dénommé Risorgimento (du verbe risorgere: resurgir): celui-ci aboutit, après le départ contraint du grand-duc Léopold de Habsbourg en 1849 et grâce aussi au jeu diplomatique de Cavour, à l'unification de l'Italie en 1871 (hormis les Etats Pontificaux et la Vénétie). Désormais, le roi Victor-Emmanuel II règnera sur un royaume ayant Turin pour capitale, pour un temps relayée par Florence.

Le XXième siècle

L'Italie unifiée au vingtième siècle

Comme dans tous les pays européens, la Toscane vécut deux guerres mondiales. La seconde fut sans doute la plus dévastatrice pour son patrimoine naturel et architectural: en effet, de par sa situation centrale en Italie, la Toscane se retrouvait être le territoire d'affrontement des Allemands installés au Nord et des Alliés installés au Sud. Pise, Livourne, Grosseto durent faire face à de multiples bombadements tandis qu'à Florence, seul le Ponte Vecchio put y échapper.
La nature ne fut pas en reste car en 1966, une crue sans précédent de l'Arno mit à mal les oeuvres d'art de Florence. De nombreux spécialistes du monde entier, conscients du trésor inestimable que ces oeuvres représentaient, se sont attelés à leur restauration. Aujourd'hui, la Toscane est une région prospère, jouissant de la manne touristique tout comme de ses industries du luxe et du prestige de ses vins. Sa douceur de vivre devenue légendaire attire chaque années de plus en plus de visiteurs.

Toscana, Citte d'Arte. Octobre 2006